RGPD 2025 : ce qui va vraiment changer (et pourquoi vous devez vous y préparer dès maintenant)
Rédigé par
Alice
Depuis son entrée en vigueur en 2018, le règlement général sur la protection des données (RGPD) a profondément transformé la manière dont les entreprises collectent, traitent et stockent les données personnelles. Il a imposé des obligations strictes, mais aussi posé les bases d’un numérique plus respectueux des droits des utilisateurs.
Mais sept ans plus tard, le contexte a changé, l'explosion de l’intelligence artificielle générative, la généralisation des outils de tracking, la multiplication des plateformes cloud et la montée en puissance des traitements automatisés bouleversent à nouveau la donne.
Résultat ? L'Union européenne prépare une évolution du RGPD pour 2025. L’objectif est le suivant : renforcer la cohérence du cadre existant, intégrer les nouveaux usages, et combler certaines zones d’ombre juridiques.
Derrière les annonces officielles, de nombreuses questions ressortent ?
➡️ Qu’est-ce qui va réellement changer pour les entreprises ?
➡️ Quels secteurs seront les plus impactés ?
➡️ Et surtout, comment anticiper sans subir ?
C’est parti, on fait le point sur ce qui se prépare pour 2025, et pourquoi il est temps de s’y intéresser 🤔.
Petit rappel : c’est quoi le RGPD et pourquoi on en reparle en 2025 ?
Le RGPD de 2018
Entré en application le 25 mai 2018, le RGPD (ou GDPR en anglais) a marqué un tournant dans la régulation du numérique européen. Son objectif ? Redonner aux citoyens le contrôle de leurs données personnelles, tout en imposant un cadre de responsabilité aux entreprises.
Concrètement, il impose à toute organisation traitant des données de citoyens européens :
D’obtenir un consentement clair et explicite,
De documenter ses traitements,
De garantir la sécurité et la confidentialité des données,
Et de respecter les droits des personnes (accès, rectification, suppression, portabilité, etc.).
Le texte a aussi introduit la notion de “privacy by design”, le rôle obligatoire de DPO dans certaines structures, et des sanctions lourdes (jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial). Bref, un vrai électrochoc pour les entreprises, et une base réglementaire devenue un standard international.
Pourquoi une mise à jour en 2025 ?
Si le RGPD reste robuste, le monde du digital a évolué à une vitesse folle depuis 2018. L’Union européenne souhaite donc faire évoluer le cadre pour répondre à de nouveaux enjeux :
L’essor de l’IA et des traitements automatisés : le RGPD encadre déjà les décisions automatisées, mais le développement massif des IA génératives et prédictives (comme ChatGPT ou le scoring RH) nécessite des précisions supplémentaires sur la transparence, les biais algorithmiques et les droits humains.
Le casse-tête des cookies et du consentement en ligne : la directive ePrivacy n’a toujours pas été réformée, et les bannières de cookies restent opaques et inefficaces. Une harmonisation est attendue pour renforcer la clarté et la lisibilité des choix utilisateurs.
L’évolution des modèles cloud et SaaS : le transfert de données hors UE, les dépendances à des fournisseurs américains, et les usages croissants de plateformes tierces posent de nouveaux défis de conformité.
En résumé : on ne parle pas d’un RGPD 2.0, mais d’un RGPD augmenté pour rester cohérent avec les technologies et pratiques d’aujourd’hui.
Les grandes nouveautés prévues pour 2025
On ne va pas se mentir, le RGPD version 2018, c’était déjà un gros morceau. Mais en 2025, l’Union européenne va plus loin. Pas question de tout réécrire, mais bien de resserrer les zones grises, et surtout d’adapter le texte aux nouvelles réalités numériques de 2025.
Spoiler : si vous traitez de la donnée, vous êtes concernés.

L’IA, dans le viseur des régulateurs
Parmi les évolutions les plus attendues : celles liées aux traitements automatisés, et plus spécifiquement à l’intelligence artificielle.
Les entreprises devront désormais :
Expliquer plus clairement comment les données sont utilisées par leurs systèmes automatisés,
Justifier les décisions prises par des IA (recrutement, notation, recommandations, etc.)
Et garantir un recours humain en cas de décision contestée ou à impact significatif.
Cette évolution s’inscrit dans la continuité de l’AI Act, qui entre en application progressivement à partir de 2025, et qui impose des exigences spécifiques selon le niveau de risques des systèmes IA.
Des obligations renforcées pour les sous-traitants
Jusqu’à présent, la responsabilité principale en matière de protection des données reposait sur le responsable de traitement. La réforme 2025 prévoit de mieux encadrer les sous-traitants, notamment en :
Imposant des clauses contractuelles renforcées,
Rendant certains fournisseurs coresponsables juridiquement,
Et en améliorant la traçabilité des traitements dans les chaînes complexes (cloud, SaaS, prestataires multiples).
Objectif : éviter que la conformité RGPD se dilue dans des chaînes techniques de plus en plus fragmentées.
Cookies et consentement
Le RGPD actuel impose un consentement libre, éclairé, et spécifique. Mais dans les faits, les dark patterns, les cookies “tout accepter” et les cases pré-cochées sont encore trop répandus.
La réforme prévoit :
Un encadrement plus strict des interfaces de recueil du consentement,
L’obligation de proposer des choix lisibles, symétriques et équitables,
Et une possible standardisation des formats de bannière au niveau européen, pour éviter les abus UX.
Objectif : redonner à l’utilisateur un pouvoir réel sur ses données, sans l'enfermer dans des parcours forcés.
Une harmonisation renforcée au niveau européen
Aujourd’hui, chaque autorité nationale de protection des données (CNIL en France, AEPD en Espagne, etc.) applique le RGPD avec ses propres priorités. Résultat : des écarts d’interprétation qui complexifient la conformité pour les entreprises internationales.
En 2025, la Commission européenne souhaite :
Renforcer le rôle du CEPD (Comité européen de la protection des données),
Adopter des lignes directrices communes obligatoires,
Et éviter les divergences nationales dans l’application du RGPD.
Pour les entreprises présentes dans plusieurs États membres, cela représente un vrai gain de lisibilité et potentiellement, une réduction des risques en cas de contrôle.
Les secteurs les plus impactés par les évolutions du RGPD en 2025
Si tout le monde est concerné par la protection des données, certaines industries vont devoir se montrer particulièrement vigilantes en 2025. Non seulement parce qu’elles manipulent des volumes importants de données personnelles, mais aussi parce qu’elles combinent souvent automatisation, sous-traitance complexe, et usage intensif de l’IA.
Les éditeurs de logiciels (SaaS, CRM, ERP…)
Premiers concernés, les éditeurs devront intégrer les nouveaux impératifs RGPD directement dans leur design produit :
Les parcours utilisateur devront permettre un recueil de consentement conforme,
Les logs devront tracer l’originalité et la finalité des traitements,
Et les modèles d’IA intégrés devront pouvoir justifier leurs décisions.
Impossible donc de traiter le RGPD comme un sujet juridique annexe : c’est une nouvelle couche.
Santé et MedTech
Le secteur est déjà très réglementé, mais la réforme du RGPD 2025 vient ajouter une nouvelle couche :
Consentement renforcé, notamment en cas de transfert à des sous-traitants cloud,
Documentation accrue des traitements algorithmiques utilisés dans les outils de diagnostic ou d’aide à la décision,
Traçabilité totale exigée sur l’ensemble de la chaîne de traitement.
Les acteurs devront prouver qu’ils maîtrisent non seulement les données, mais aussi la logique des outils qui les exploitent.
Marketing, publicité et plateforme en ligne
C’est le secteur le plus exposé côté consentement, cookies et dark patterns. En 2025, les arbitrages UX ne pourront plus ignorer la conformité :
Les interfaces devront proposer des choix clairs et non biaisés,
Les pratiques d’A/B testing sur le consentement seront plus encadrées,
Les régulateurs pourraient même sanctionner des interfaces volontairement trompeuses.
👉Les équipes marketing, produit et juridique vont devoir travailler main dans la main.
Ressources humaines et recrutement
L’usage de l’IA dans les processus de recrutement (matching, scoring de CV, préqualification) est dans le collimateur du régulateur.
Les obligations à venir :
Transparence sur le fonctionnement des algorithmes,
Information des candidats sur les critères de sélection,
Et possibilité de recours humain en cas de décision automatisée.
Les outils RH devront documenter leurs logiques de traitement - même lorsqu’ils s’appuient sur des solutions externes.
Comment s’y préparer concrètement ?
Spoiler : attendre le texte défini pour bouger, c’est déjà être en retard. Même si toutes les mesures ne sont pas encore gravées dans le marbre, la direction est claire. Voici les grands chantiers à initier dès maintenant pour anticiper efficacement les évolutions du RGPD en 2025.

Cartographier les traitements (vraiment)
Le registre des traitements ne doit plus être une formalité administrative. En 2025, il doit permettre de répondre à ces questions clés :
Quelles données sont utilisées par quels outils ?
Quels traitements sont automatisés ? Par qui ?
Y a-t-il de l’IA impliquée ? Si oui, avec quelle logique ?
💡Objectifs : avoir une vision claire de qui fait quoi avec quelles données, y compris chez vos sous-traitants.
Auditer vos outils d’IA (et ceux de vos prestataires)
Si vous intégrez ou développez des briques d’intelligence artificielle, vous devrez être capable de :
Expliquer le fonctionnement des algorithmes utilisés,
Identifier les biais potentiels et les risques de discrimination,
Mettre en place une gouvernance claire autour de ces systèmes.
💡Si vous utilisez une IA tierce (ChatGPT, scoring RH, etc.), documentez le fournisseur, les cas d’usage et les garanties contractuelles. La conformité ne s'arrête pas à vos murs.
Renforcer les contrats avec vos sous-traitants
Les futures obligations imposent une relecture (et probablement une réécriture) de vos contrats de sous-traitance :
Qui est responsable de quoi en cas de faille ou d'irrégularité ?
Les engagements RGPD sont-ils suffisamment précis ?
Des audits sont-ils prévus ou possibles ?
💡Pensez coresponsabilité juridique et traçabilité contractuelle sur l’ensemble de votre chaîne de traitement.
Sensibiliser vos équipes
Le RGPD ne peut pas rester l’affaire exclusive des DPO, les équipes produit, marketing, tech ou RH sont directement concernées.
UX : comment présenter le consentement de façon claire ?
Produit : comment intégrer la privacy dès la conception ?
Dev : comment gérer la sécurité et la minimisation des données ?
Anticiper les impacts UX
Avec la fin annoncée des bannières trompeuses ou des cases pré-cochées, il faudra revoir vos parcours utilisateur :
Consentement clair, équitable, non biaisé,
Intégration fluide de la gestion des préférences dans l’interface,
Suppression des pratiques de type “dark pattern”.
Si vos designers et devs ne sont pas dans la boucle, la conformité 2025 restera théorique.
2025, l’année du RGPD 2.0
Le RGPD version 2025 ne sera pas une révolution brutale, mais c’est clairement un changement de braquet.
L’UE passe de la sensibilisation à l’exigence opérationnelle, et les entreprises qui traînent des pieds risquent de se retrouver à la traîne – ou sous sanction.
🎯 Si vous éditez un logiciel, traitez des données ou intégrez de l’IA dans vos produits, vous êtes concernés.
Le bon réflexe, ce n’est pas d’attendre un résumé de la CNIL ou une énième mise en demeure pour réagir.
C’est de vous poser, dès maintenant, les bonnes questions :
Vos outils sont-ils conçus pour respecter les futurs standards de transparence ?
Vos partenaires et sous-traitants sont-ils alignés sur vos exigences de conformité ?
Vos UX sont-elles prêtes pour la fin des “pièges à consentement” ?
2025, c’est demain. Et les projets structurants (refonte d’UX, documentation IA, refacturation des engagements de sous-traitance…) prennent du temps.
📌 Ce n’est pas une mise à jour réglementaire. C’est une mise à jour de votre responsabilité produit.